Second ouvrage traduit en français de Paolo Cognetti, né à Milan en 1978, Le garçon sauvage est un très beau texte, tant par sa langue que par la richesse du propos. Il se présente comme un carnet dans lequel est relatée l’expérience du narrateur parti vivre dans les hauteurs de la vallée d’Aoste durant plusieurs saisons. Chaque chapitre, sorte de petite nouvelle, explore un sujet de préoccupation lié à la vie en montagne. L’hiver, la nuit, la maison, le jardin, les larmes constituent autant d’éléments que le protagoniste cherche à maîtriser pour se rapprocher du garçon sauvage qu’il a été lors de nombreux étés passés dans les alpages. Il tente de redonner corps à cet enfant, mais une difficulté majeure l’en éloigne : la solitude. Elle rend toutefois ses rencontres d’autant plus précieuses. Il s’attache à Gabriele et Remigio. Le premier est vacher, s’exprime peu et en dialecte, le second refuse de s’exprimer seulement dans une langue qui ne peut dire la tristesse, la nostalgie et la lassitude qu’avec un seul mot : mi sembra lungo. Pour enrichir un vocabulaire pauvre, Remigio lit tant qu'il peut. L’idée d’une langue embellie par la lecture fait écho à la démarche de Paolo Cognetti, qui, tout au long du récit, cite ses maîtres : Mario Rigoni Stern, Primo Levi, Thoreau.