D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds, le dernier roman de Jón Kalman Stefánsson, auteur islandais à l’immense talent, est encore plus beau que ses livres précédents (Entre ciel et terre, La tristesse des anges et Le cœur de l’homme).
Ari, la cinquantaine, a quitté l’Islande après l’échec de son mariage. Un appel de son père, très malade, le fait revenir à Reykjavíc.
Un diplôme retrouvé lui rappelle l’histoire de sa famille, celle de son grand-père, le mythique Oddur et de sa femme, l’étrange Margret. Il se souvient de sa mère, disparue alors qu’il était tout jeune, se remémore son père qu’il n’a jamais su comprendre, revoit sa propre jeunesse.
Une chronique familiale en trois temps qui est aussi celle de son pays.
Et puis il y a la présence de cette nature sauvage, rude, violente, impitoyable, particulière à l’Islande, qui est un personnage en soi.
Le roman de Stefánsson nous interpelle. Quelle que soit l’époque dans laquelle il vit, malgré les changements de mœurs et l’évolution de la technologie, l’individu n’échappe pas à son humaine condition. Ses préoccupations sont toujours les mêmes : la quête de l’amour, la recherche d’un sens à sa vie, l’angoisse du temps qui passe, la peur de la mort…
L’essentiel de ce livre se trouve peut-être entre les lignes, dans cette respiration si poétique, propre à Stefánsson.
C’est terriblement beau.