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La booktubeuse Margaud Liseuse nous offre son dernier portrait d’auteur! A découvrir au plus vite!

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Dès aujourd’hui découvrez sur notre blog des auteurs la contribution de Sophie Colliex!

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Passionnés, authentiques et familiers … les héros de roman.

Mon désir d’écrire est intimement lié à mes rencontres avec les livres. Les plus importantes se sont produites au cours de mon enfance et de mon adolescence. Ma toute première rencontre, inoubliable, c’était avec « Sans Famille » de Hector Malot. Je l’avais obtenu de ma mère à force de tirer sur sa manche, au supermarché. Un enfant trouvé affrontait les épreuves de la vie et après maintes péripéties, découvrait sa véritable identité. Je me souviens surtout de Rémi troubadour, en compagnie de son ami Vitalis, du chien Capi et des autres animaux. Un peu plus tard, vers huit ou neuf ans, j’ai reçu à l’école le « Quo Vadis » de Henryck Sienkiewicz. C’est peu dire que ce livre m’a intéressée. Je connaissais des passages entiers par cœur. Je vivais, j’aimais, je souffrais avec les premiers chrétiens martyrisés, dans la Rome de Néron. Par la suite, j’ai été absolument passionnée de lecture. Le besoin de lire me tenaillait tout le temps ; le jour lorsqu’il n’y avait pas école, à la récré, dans le bus, souvent la nuit aussi, à la lampe de poche, sous mes couvertures lorsque l’extinction des feux avait été décrétée à la maison. Je lisais pour m’évader, pour comprendre et connaître. Je dévorais tout ce qui me tombait sous la main, livres, revues, bandes dessinées, publicités. Des romans !

J’étais à peine adolescente lorsque le désir d’écrire s’est emparé de moi. Je remplissais des tas de cahiers de ces histoires que j’inventais. Souvent, je m’inspirais de personnages de roman. Je raffolais de ces figures hautes en couleur, vibrantes, échevelées, amusantes, tourmentées, que le génie et la générosité de leurs créateurs rendaient à la fois authentiques et familières. Chacun d’entre eux m’a révélé une facette de l’âme humaine, m’a invitée dans sa vie, son pays, son époque. J’aimais leur inventer des visages, partager leurs secrets et comprendre les ressorts cachés de leurs actions. Julien Sorel, le mystique Abbé Mouret de Zola, Edmond Dantès, Constance Chatterley, la belle Ariane d’Albert Cohen, le génial Ignatius Reilly de JK. Toole, l’inénarrable Bertie Wooster et son mentor Jeeves, de PG. Wodehouse, Cyrano le magnifique, les truculents Clochemerlins de Chevallier, les fières Anglaises d’Austen, Heathcliff de Brontë, César et Marius, parmi tant d’autres, m’ont beaucoup donné. Ils m’ont accompagnée sur le chemin qui mène à l’âge adulte. Rassurants et proches, comme des amis, je peux imaginer qu’ils ont participé, bien des années plus tard, à la création de mes propres personnages.

Mon premier roman donne la parole à des enfants, trois copains jouant dans les collines et sur les plages d’un « Grand Port » de Méditerranée, traversant côte à côte les épreuves de la guerre. Je retrouve, tapis au fond de ma mémoire, le petit Rémi d’Hector Malot, les gamins de Joffo, le petit Pagnol, ses parents, leur gloire et leur château, Nicolas de Goscinny et le Petit Chose de Daudet… Ces êtres jeunes ont un jour soulevé en moi des vagues d’émotion. La tendresse qu’ils ont su m’inspirer est remontée en moi lorsque j’ai commencé à écrire « L’enfant de Mers el-Kébir ». J’ai choisi dans ce livre de donner la parole à des enfants ; ils ont guidé ma plume pour raconter avec leurs mots à eux, justes, émouvants et drôles, des épisodes dramatiques de la deuxième guerre mondiale en Afrique du Nord.

J’imagine que la première phrase de mon prochain livre sera écrite ou réécrite plusieurs fois en cours de route, peut-être même des semaines après avoir posé le mot de la fin. Elle sera plutôt « réfléchie ». Par cette première phrase, j’aimerais dire « je t’emmène dans mon monde » en espérant que mon lecteur répondra : « je viens avec toi ».

Sophie Colliex

Découvrez, sur notre blog des auteurs, « Il y a longtemps que je ne lisais plus », la contribution de Laurent Antonoff

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Il y a longtemps que je ne lisais plus

Il y a longtemps que je ne lisais plus. Que l’envie m’était passée de me ventiler les neurones à coup de pages qui tournent dans le vide. Il y avait eu la noirceur de Céline, Vian quand il touchait à l’absurde, le sens de l’anticipation de Houellebecq et la trompeuse facilité de Djian. L’essentiel. Et puis un écrivain qui ne lit pas, ce n’est pas bien grave non plus. N’exagérons rien. On n’a plus besoin aujourd’hui de s’aimer pour devenir amis, d’avoir du talent – au moins un – pour prétendre à la célébrité, de vaseline pour se faire entuber. Je préférais feuilleter les chapitres de la vie qui défilait devant moi. A m’en gaver.
Ce n’était donc pas gagné, mon retour aux bouquins, mais j’ai fini par replonger. Je suis faible. Faute avouée n’est-elle pas à moitié pardonnée? Rassurez-vous, je n’en ai pas encore le bout des doigts qui pisse le sang. Je ne craque qu’une fois l’an. A l’été. Le dernier volume, je l’ai dévoré. Je me suis attardé quelques minutes sur sa couverture avant de l’ouvrir, comme lorsqu’on reçoit un mot doux mais qu’on retient sa lecture parce qu’on doute, par expérience, qu’elle soit aussi bonne que l’attente. Il y avait un lit savamment défait, une véranda aux montants métalliques, une table de chevet jaune et les immeubles d’une banlieue au loin. Je voulais ce lit. Mieux: je voulais la vie de l’homme qui dormait dans ce lit et qui présentement devait prendre un café. Ou sa copine sur la table de la cuisine. Hors champ. Et cette scène où deux femmes se retrouvent dans un dressing grand comme trois fois ma chambre! Les armoires n’ont pas de portes. Les draps sont empilés au carré. On plonge dans l’intimité de leurs chemisiers pâles et de leurs boîtes à bordel. Deux coiffeuses se tournent le dos. Il y a un thé fumant et une paire de lunettes de vue sur le rebord de la fenêtre. Laquelle est myope comme une taupe? Celle qui essaie une paire de chaussures compensées ou la greluche qui prend la pose devant le miroir? Je suis resté longtemps à les observer.
Je me souviens avoir gardé le chapitre suivant pour le lendemain. Il s’intitulait «Se détendre».
Le plus inspirant de tous les catalogues Ikea, vraiment. Et l’envie de coucher des mots sur ces images de petits bonheurs suédois me booste pour l’écriture de mon prochain roman, après Meilleurs vœux toi-même! L’action ne passe pourtant pas à Stockholm, mais plus haut. En Laponie finlandaise? Bien plus haut: elle se déroule… le jour du premier pas de l’homme sur Mars.

Laurent Antonoff

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La cadence s’accélère sur notre blog des auteurs! Aujourd’hui, découvrez « Du renard au cheval », la contribution de Pierre-Yves Lador

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Du renard au cheval…

Non je ne suis pas un ami des bêtes ou alors des bactéries et des tardigrades, mes frères et sœurs… Enfant je dévorais tout : les romans de bêtes, de montagnes, d’aventures, de science-fiction, puis la belle collection des contes et légendes chez Nathan, tous les contes, toutes les légendes qui me tombaient sous la main. Je voulais créer ces mondes magiques plus vrais que la réalité ordinaire.
Le premier essai dont je me souvienne, parce que peut-être il est fondateur, est une petite composition commandée par mon prof de sciences naturelles au Collège Classique Cantonal, je devais avoir dix ans. La consigne, j’ai toujours aimé les consignes qui ouvrent un espace de jeu, exigeait que l’on rédige le compte-rendu d’une expérience dans la nature  agrémentée d’un éventuel dessin. J’avais écrit dix lignes inspirées sans doute de mes lectures, de mes images intérieures et de ma représentation de la famille idéale. J’inventais donc, au mépris de la consigne, mais après tout n’est-ce pas là le fondement de la littérature, mentir vrai, interpréter le monde ? Je contai inconsciemment une scène archétypique. Une famille renard, le père à la chasse, la mère sur le bord du terrier qui surveillait sa portée de renardeaux jouant à se culbuter dans les feuilles mortes et les rayons de soleil de la clairière. Quand la mère alertée par un bruit suspect pousse un petit glapissement les renardeaux cessent de jouer et se précipitent à la queue leu leu dans le terrier. La mère ferme la course.  Tout cela, d’une platitude infinie, est une reconstitution comme en pratiquent les archéologues à partir de leur science, de leur vision du monde et de trois tessons, deux pointes de flèches, un os de renne gravé et du pollen contenu dans la gravure et qui vous dessinent un chasseur venu d’Italie, qui avait échangé un os norvégien contre une jarre de Marseille au marché aux puces vernal de Sion. On est toujours trahi par ses traces. Le prof avait écrit sous le texte : bien observé.  Est-ce ce jour que j’ai cru au mensonge, au pouvoir des reconstitutions, de la création, tel Moïse faisant jaillir une source d’un rocher en plein désert, d’un trait de plume, c’est la baguette de l’écrivain. D’où venait cette eau, était-elle là avant  ou bien est-ce une illusion rafraîchissante, un symbole ? Cette famille renard imaginaire existe toujours alors que mes parents sont morts, que mon frère est mort et je joue toujours avec les mots pour inventer, retrouver, des renards ou des loups, des frères et des amis, des lecteurs qui, comme moi lecteur, se demandent inlassablement si c’est vrai, c’est si bien observé, si bien inventé. D’où cela vient-il, quand l’a-t-il vécu, a-t-il vraiment, traversé le Sahara , connu cette femme, parlé aux chevaux sauveurs, le narrateur est-il l’auteur ? Et nous réalisons, écrivain et lecteurs que nous voguons sur des mots, des images, emportés par une musique qui nous entraîne à travers les galaxies, chevauchée fantastique, réenchantement du monde, vers notre origine et notre fin.

Pierre Yves Lador

Cette semaine sur notre blog des auteurs, découvrez « la liberté de partager » de Rachel Zufferey, ou comment une punition peut être à la source de l’inspiration littéraire

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