Michael Hugentobler
Années de présence

Michael Hugentobler est né en 1975 à Zurich. Pendant plusieurs décennies, il voyage à travers le globe. Aujourd’hui journaliste indépendant et auteur, il vit avec sa famille à Aarau, en Suisse. Il est à ce jour l’auteur de deux romans, Louis oder der Ritt auf der Schildkröte et Feuerland, tous deux parus chez dtv en Allemagne. En 2021, il est nominé au Schweizerer Buchpreis pour Feuerland, sans être toutefois lauréat, il marque durablement le lectorat et les journalistes germanophones avec ce deuxième roman. Terres de feu est la première traduction de son travail en français.
Terres de feu (Hélice Hélas)
LA BIOGRAPHIE D’UN INSOLITE DICTIONNAIRE YÁMANA-ANGLAIS
L’année 1938, l’Autriche est sur le point d’être annexée, et avec elle la bibliothèque de l’Institut Anthropos de Vienne, l’une des collections d’ethnologie les plus fournies d’Europe. Le regroupement de ces collections doit permettre au régime nazi de légitimer leur idéologie racialiste et suprémaciste, ainsi que la prétendue supériorité de la « race aryenne ». Les provocations sont quotidiennes pour les chercheurs qui ne suivent pas ce programme de recherche, à l’instar de l’ethnolinguiste Ferdinand Hestermann. Conscient des menaces qui pèsent sur ces collections, ce dernier entreprend un voyage en Suisse afin de mettre à l’abri la bibliothèque Anthropos. Il espère également protéger un ouvrage qui exerce sur lui une étrange emprise : l’original du fameux dictionnaire yámana-anglais du missionnaire anglican Thomas Bridges.
De l’Europe troublée du début de 20e siècle à la Patagonie du 19e siècle, Michael Hugentobler met en relief les périples, les obsessions et les angoisses de deux hommes atypiques. Hommes d’Églises déchus, Thomas Bridges et Ferdinand Hestermann sont tous deux préoccupés par la disparition de peuples et de savoirs irremplaçables, tous deux sont confrontés aux entreprises coloniales et totalitaires des État-nations européens et de leurs émanations outre-atlantiques. Ce sont aussi deux hommes qui s’opposent aux préjugés de sauvagerie qui ont longtemps collés à la réputation des Yámana et des autres peuples de la Terra del Fuego, la faute aux écrits de Charles Darwin, aux présupposés des sciences anthropologiques de l’époque et aux mises en scène des zoos humains qui sillonnaient alors l’Europe.