Menu Fermer

Sabine Dormond

Années de présence

2012 2013 2015 2016 2017 2022 2025
Suisse
Sabine Dormond © Rromir Imami
Photo © Rromir Imami

Les questions de justice sociale occupent une place de choix dans les six recueils de nouvelles et six romans que Sabine Dormond a publié à ce jour chez différents éditeurs suisses, belges et français. Désireuse de réunir des gens qui partagent la même passion, l’autrice vaudoise anime des ateliers d’écriture et des tables rondes. Elle a présidé pendant 6 ans l’Association vaudoise des écrivains et co-fondé en janvier 2011 un cercle littéraire appelé Les Dissidents de la pleine lune. Elle a aussi rédigé des chroniques littéraires pour le journal en ligne Bon pour la tête, ainsi que pour le Riviera-Chablais. Plusieurs de ses nouvelles ont été primées à des concours.

Diana Da Campo, fille de vétéran (BSN Press)

C’est l’histoire vraie, basée sur le témoignage de la principale intéressée, d’une femme née à Denver en 1968 de parents à peine sortis de l’adolescence. Dianna n’a que quelques mois lorsque son père est enrôlé dans l’armée américaine et envoyé au Vietnam. Il en reviendra deux ans plus tard, complètement fou et ravagé. Par moment, il prend ses propres enfants Bob et Dianna pour des Vietcongs. Le couple parental ne résiste pas longtemps à ces délires.

Kathrin quitte son mari et refait sa vie avec un Suisse prénommé Claude qui adopte ses deux enfants et lui en fera un troisième. Cet homme occupe un poste important ; son travail l’amène à séjourner dans différents pays. La famille vivra ainsi tour à tour aux États-Unis, puis en Suisse, au Maroc et en Égypte. C’est autour de tous ces voyages en camping-car que se construit la mythologie familiale d’une enfance de rêve. Une mythologie qui leur sera serinée à tous les trois jusqu’à ce qu’ils s’en convainquent.

Pourtant la réalité contraste beaucoup avec le conte de fée qu’on leur ressasse.

Il y a d’abord un grand tabou autour du père biologique. Chaque fois que Dianna essaie d’obtenir la moindre indication à son sujet, elle se prend une gifle. Je brosse ainsi un portrait du père en creux, à travers les livres et les films sur le Vietnam et les bribes d’informations dont elle a pu disposer à son sujet

Puis une grande négligence de la part des parents qui ont toujours mieux à faire que de s’occuper de leurs enfants. Une négligence qui, au cours du roman, va apparaître progressivement à travers différentes scènes révélatrices. Ainsi Dianna naît aveugle d’un œil et ses parents ne s’en aperçoivent pas. Quand sa grand-mère le remarque, la fillette a déjà 4 ans et son œil ne peut plus être sauvé, alors qu’il aurait facilement pu l’être en cas de prise en charge précoce.
A l’âge de six ans et demi, elle se fait mordre par un chien enragé en Egypte. Ses parents décident de l’envoyer suivre un traitement antirabique en Suisse, chez ses grands-parents, mais aucun d’eux ne trouve le temps de l’accompagner et elle fera seule le voyage du Caire à Genève.
Une fois jeune adulte, Dianna découvrira que si son frère a été baptisé protestant et sa sœur catholique, elle-même a été oubliée. Elle devra faire son catéchisme à l’âge de vingt ans pour pouvoir se marier à l’église.

L’abandon de la mère qui disparaît pendant trois ans au cours de la petite enfance de Dianna. Quand elle revient, ses deux filles ne la reconnaissent pas.

La parentalisation de Dianna qui, dès la naissance de sa sœur, se retrouve investie du rôle de petite maman, avec toutes les contraintes que cela implique, mais sans le droit de prendre part aux décisions concernant sa petite sœur. Puis lorsqu’elle a onze ans, sa mère finit par reconnaître que son mariage bat de l’aile et décide de retourner aux Etats-Unis avec l’un de ses trois enfants. Elle finit par jeter son dévolu sur Dianna pour des raisons purement pratiques et la sépare ainsi du reste de la famille. Dianna va alors apprendre à s’occuper de sa mère de plus en plus inapte à assumer la moindre responsabilité.

Le mensonge autour de l’homosexualité du père adoptif, du prétendu abandon du père biologique qui s’est en réalité battu en vain pour garder ses enfants.

Et l’alcool, encore et toujours.