Chloé Delaume

Présence durant l'édition :

Chloé Delaume est née en 1973. Elle pratique l’écriture sous de multiples formes et supports depuis plus de deux décennies. Beaucoup de textes courts, près d’une trentaine de livres comme autant d’expériences. Romans, fragments poétiques, théâtre, autofictions. Son dernier ouvrage, Le Cœur synthétique, paru au Seuil, est lauréat du Médicis 2020.

Pauvre folle (Seuil)

Clotilde Mélisse, la narratrice, née en 1973, s’apprête à fêter ses cinquante ans. C’est un cap, dans la vie et pour cette quête de l’amour qui l’obsède mais lui fait peur tout autant. Sa relation avec Guillaume, surtout épistolaire mais pas seulement, est pour elle un besoin, un attrait, une remise en question, et une crainte, celle de se tromper, celle d’être une fois encore déçue. Les coups du sort, les trahisons, les drames et tragédies ont été assez nombreux pour qu’elle veuille y réfléchir à deux fois. Il faut dire que Guillaume forme un couple gay avec le beau Juan, tout en ayant connu d’autres femmes par le passé. De quoi y perdre son latin.

Pour faire le point sur elle-même, Clotilde décide, selon une intuition qu’elle n’explique pas, de se rendre à Heidelberg, via Cologne, un voyage de longues heures à travers un paysage dévasté de fin du monde. Au fil du voyage et des arrêts en gare, elle fait remonter dans sa mémoire les souvenirs les plus saillants de son existence. Il y a l’enfance, la fascination pour la poésie, pour Rimbaud, pour la figure mythique d’Ophélie, et le Lagarde et Michard de la mère vécu comme une bible. Jusqu’à l’« accident du 30 juin ». Le féminicide. Son père tue sa mère devant elle, et peu après met fin à ses jours. Elle est alors recueillie par une tante inculte, l’écran de télévision remplace le manuel de littérature. Puis c’est l’adolescence, le spleen des lycées, et la jeunesse perdue.
Ce jeu des souvenirs n’est pas propice à la rassurer sur la nature humaine et sur les relations de couple. D’étape en étape, sa confiance s’amenuise, sa conscience s’aiguise. Un amour, fusionnel, prometteur, inconfortable, vaut-il d’être vécu, ou sacrifié ? Entre bonheur indécis et réflexe salvateur, son cœur balance. Le train arrive bientôt à son terminus…

(Photo © Bénédicte Rosco)