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Gabriel, passionné de nature et d'ornithologie, suit sa mère, employée dans un château pour l'été. Alors que ce solitaire s'abandonne à sa passion, débarquent Éléonore de La Guillardière, la petite-fille du comte et de la comtesse, et ses cousins. Gabriel n’était pas préparé à ça, pensant qu’il serait le seul adolescent au château. Deux cultures, deux mondes sont confrontés. Et surtout, Gabriel tombe follement amoureux.

Structuré comme un film fantastique, Le domaine séduit par l'efficacité visuelle et le tempo intime de son intrigue. Ce brio stylistique n'empêche pas l'auteur de développer des thèmes d'époque, notamment le suicide chez les adolescents. Et d'évoquer en filigrane ses marottes, de François Mauriac à Edgar Allan Poe.

En Amérique du Nord. Moses Laufer Victor est doté de parents psychanalystes, elle jungienne, lui lacanien. Cela lui fait une belle jambe lui qui l’a raide, douloureuse et de l’acné plein la tronche: une vraie tranche de pizza. Dès les premières pages on comprend que quelque chose cloche. Mais quoi ? Un accident de voiture a mis la mère dans un fauteuil et le fils avec une "tige folle". Au lycée, Moses se sent très isolé jusqu’au jour où débarque un nouveau, l’Indien Ratso…

Pourquoi avoir choisi un livre de Marie Chartres ? Parce qu’il est si beau qu’on aimerait aussi le faire lire aux adultes qui n’ont pas idée des trésors que recèle la littérature jeunesse actuelle ; que jeunes et moins jeunes fassent la route avec les héros, celle qui efface secrets et colère, le long des lignes de ce roman d’apprentissage qui se déroule dans le Dakota du Sud et aborde également la terrible question des réserves indiennes.

En Floride, une jeune "sauvageonne", Malley, part en balade avec un inconnu rencontré sur un chat. Ce n’est pas sa première bêtise mais celle-ci la met gravement en danger. Heureusement, Richard, son cousin, rencontre Clinton Tyree, alias Skink le borgne. Cet ex-gouverneur de la Floride vit en ermite dans les Everglades et se singularise habituellement en pourfendeur de cupides promoteurs. Pour l'heure, Malley n’est pas sans ressource, et, intellectuellement, elle possède toujours un ou deux coups d’avance sur les malfaisants.

Si chaque titre "adulte" de Carl Hiaasen est un événement en soi (surtout quand Skink est convoqué), l’auteur est tout aussi irrésistible dans le domaine de la littérature jeunesse (trois prix majeurs en France pour Panthère). Au-delà des stéréotypes, il parie sur l’intelligence des adolescents. Et brosse le portrait de héros qui leur ressemblent. Ainsi Malley n’est pas sans défaut, son indépendance confine parfois à la naïveté mais, dans l’adversité, cette fille attachante s’impose comme une super battante.

Blonde, 17 ans, a grandi dans un couvent et se découvre un côté obscur, une part animale dans La malédiction de Boucle d’or. On la retrouve en 1833, sur une île perdue du Danemark avec Gaspard, fou d'elle. Le destin s'apprête à les arracher l'un à l'autre: ils sont victimes d'une prophétie qui bouleversa le monde à jamais. Blonde parviendra-t-elle à déjouer les plans de l'énigmatique Reine des neiges, avec pour seul allié un jeune écrivain nommé Andersen?

Animale est un grand texte romantique magnifiquement écrit. On y trouve une merveilleuse histoire d’amour construite sur les bases de deux contes (Boucle d’or et les trois ours, La reine des neiges), une aventure haletante qui se déroule au XIXème siècle. On y croise les armées de Napoléon mais aussi Andersen. On voyage à travers l’Europe, de France en Italie et jusqu’au fin fonds des pays du Nord. Blonde, l’héroïne, est une véritable force de Vie.« Animale » c’est un texte qui fait battre nos cœurs !

A priori, Vladimir Shankly, quinze ans, a beaucoup de chance. Pour son quinzième anniversaire, il reçoit un smartphone non encore commercialisé, le Totem. Mieux, l’adolescent découvre que via un assistant vocal perspicace nommé Cyrano, le Totem est capable de communiquer avec lui directement dans sa tête. L’instrument idéal pour séduire les filles et tricher lors des interrogations écrites. Mais évidemment, tout cela est trop beau pour durer. Les sinistres individus mandatés pour récupérer la technologie de ce prototype n’ont rien d’enfants de cœur.

Totem est une véritable intrigue, recherchée et originale. Le lecteur est pris par une action et des rebondissements qui se développent au fur et à mesure de l’histoire. On est tellement immergé qu’on a hâte de savoir ce qui va se passer ! L’écriture est fluide, très accessible et dynamique. Les personnages, des ados, sont réels et attachants. Chacun d’eux se démarque par une forte personnalité. Totem est une histoire qui ne s’oublie pas de sitôt. On attend avec impatience le tome 2 qui sort en avril 2016 !

Londres, début du siècle dernier. Banerjee, détective du rêve, et son assistant Christopher Carandini, enquêtent. Le premier résout les meurtres durant des séances de 26 minutes de sommeil, tandis que le second le surveille et inspecte les indices. Il va leur falloir comprendre pourquoi l'esprit de Lord Scriven s'est retrouvé piégé dans le corps de son majordome.

Émule de Conan Doyle, John Dickson Carr, Stevenson ou... Mickey Mouse, Eric Senabre fascine par une érudition dopée par des enthousiasmes quasi juvéniles. Ici, pas de docte étalage didactique ou de pontifiants messages. Surtout, l'auteur laisse cette réjouissante impression de ne pas cibler une génération spécifique et cherche à capter quiconque s'intéresse au mystère. Ici, l'imagination reste la seule clef qui puisse ouvrir la porte du royaume des songes.

Ecosse, terre de fantômes. Rétive aux foyers d’accueil, Susan, orpheline depuis l’âge de trois ans, fait paradoxalement tout pour être adoptée par la famille des Hopper. Et pour cause, le parfum de la mère, Helen, lui rappelle celui de sa maman morte dans un incendie. Mieux, l’adolescente sympathise avec Eliot, 15 ans,  atteint de la maladie de la lune. Un bonheur de courte durée. Victime d’une terrifiante malédiction, Susan voit ses cauchemars liés à l’histoire de sa famille devenir réalité. Elle va devoir lutter contre des non-morts pour sa survie, mais aussi pour celle d’Eliot.

Si avec la saga Tugdual (le troisième tome est sorti en décembre 2015) Anne Plichota et Cendrine Wolf visent un lectorat un peu plus âgé, elles demeurent fidèle à la tranche d’âge des 13-16 ans avec Susan Hopper. Le tandem assombrit avec bonheur le tableau, privilégiant le gothique à la magie post Harry Potter d’Oksa Pollock. Suite du Parfum perdu (Prix du meilleur roman jeunesse 2013 pour Le Parisien), Les forces fantômes, conte noir revendiqué, se dédouble en roman d’apprentissage et histoire d’amitié.